Atelier «Hors cadre» du Photomobile Elysée ©Mathilda Olmi

Les mardis et les jeudis, le Photomobile est de sortie. Il parcourt le canton de Vaud à la rencontre des écoliers, visitant également les institutions spécialisées et les EMS. A son bord, trois ateliers interactifs sur la photographie, ses techniques et son histoire. Ce projet, chapeauté par Sophie Ferloni, responsable des publics et de la médiation culturelle, fait connaitre les collections et la mission du Musée de l’Elysée loin à la ronde, de Vallorbe à Nyon; du collège des Ruvines à Cully à l’École Catholique du Chablais; de l’EMS Bois-Gentil à l’Hôpital de l’enfance à Lausanne.

La chargée de projet Accessibilité, Chloé Andrieu, raconte le premier des trois ateliers, «Hors cadre», qu’elle a donné à de nombreuses reprises, accompagnée par l’un·e de ses collègues du département Publics et médiation culturelle, Pauline Auffret, Sophie Clément, Miguel Menezes ou Roxana Casareski.

Un véhicule intriguant

Les enfants des établissements visités se passionnent tout d’abord pour… le Photomobile lui-même. La ligne bleue qui décore sa carrosserie les intrigue beaucoup. Représente-t-elle la mer? Non, c’est une métaphore des routes sillonnées par la camionnette. « Ils veulent tout savoir du véhicule, sourit Chloé Andrieu. Ils aimeraient monter à bord. Plus que la photo, c’est d’abord lui qui les intéresse. » Médiateur et médiatrices commencent par parler de la mission du Photomobile et des mystérieuses caisses de matériel qu’il contient, puis racontent ce qu’est un musée de la photographie aujourd’hui.

Le roi et la reine de Thaïlande

L’atelier «Hors cadre» débute par la présentation d’une photographie de René Burri (1933-2014). Prise à Bangkok en 1961, elle montre Bhumibol Adulyadej, le roi Rama IX de Thaïlande, aux côtés de son épouse la reine Sirikit. L’image est issue des collections du musée. Les enfants, qui n’ont reçu aucune indication, sont invités à la décrire. Que voit-on? Un mariage? Un anniversaire ou un défilé? Le sacre d’un roi et d’une reine? Avec l’aide des médiateurs, et grâce au drapeau présent sur l’image, le roi et la reine de Thaïlande sont identifiés. «A la fin, on ne leur dit pas quel est exactement l’événement photographié par René Burri, parce que nous ne le savons pas nous-mêmes. Ce qui importe ici, ce sont les hypothèses des enfants et comment ils peuvent les étayer », poursuit la médiatrice.

Atelier «Hors cadre» du Photomobile Elysée ©Mathilda Olmi

Puis, un volontaire parmi l’assistance est appelé à se lever et reçoit un cadre aimanté. C’est à lui de recadrer l’image, à sa guise. Des feuilles blanches sont disposées autour de ce fragment d’image.

Les enfants décrivent à nouveau ce qu’ils voient. Qu’est-ce qui permet encore d’affirmer que ce sont la reine et le roi de Thaïlande, si le drapeau n’apparait plus? Une discussion peut commencer, pour montrer la force de la composition et du cadrage en photographie. Laisser apparaitre ou, au contraire, occulter certains éléments de la réalité capturée n’est jamais un choix anodin. Cadrer, c’est donner du sens.

Sur les plongeoirs de la piscine de Bellerive

Étapes suivantes : voici une vue des plongeoirs de la piscine de Bellerive, à Lausanne, sous l’objectif du Vaudois Gaston de Jongh (1888-1973). Aux enfants de décrire ce qui se trouve hors cadre, selon eux. Au tableau, l’un des deux médiateurs dessine autour de l’image ce que les participants lui indiquent. «Ils imaginent parfois un avion ou de la pluie! On ne les bride pas. Tant mieux s’ils proposent des choses loufoques! On essaie de les amener à se questionner sur ce qui est cohérent, mais il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse.»

Troisième et dernière étape, les enfants sélectionnent une image parmi les collections du musée: des paysages graphiques, des lanternes, un homme de dos avec un parapluie, les pyramides de Khéops, des nénuphars en couleurs… Ce sont des clichés anonymes ou issus des fonds Nicolas Bouvier, Marcel Imsand, ou Yann Gross. Cette fois, chaque enfant dessine le hors cadre qu’il imagine de part et d’autre de son image. Puis les dessins sont exposés devant la classe et une discussion commence. «On distribue à chacun le cartel officiel de l’œuvre qu’il a choisie, l’invitant à faire des recherches, s’il le souhaite, pour connaitre d’autres images du même photographe», précise Chloé Andrieu.

Atelier «Hors cadre» du Photomobile Elysée ©Mathilda Olmi

De 3 à 110 ans, l’atelier a rencontré un franc succès chez les enfants comme chez les pensionnaires des maisons de retraite. A la fin, aucun dessin des participants n’était identique. Chacun a construit son propre «hors cadre», faisant de l’image un monde à habiter.

En vidéo: Un Photomobile à la rencontre des écoliers

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