Il y a un mois, nous demandions à tous les fidèles du Musée de l’Elysée de nous raconter leur plus beau souvenir de la Nuit des images. Suite à cet appel à participation, le concours organisé par le Musée de l’Elysée et UBS a été remporté par Andrée Meister, qui a choisi de raconter sa première rencontre avec la grande photographe d’origine suisse, Sabine Weiss, lors de la Nuit des images 2015. Nous publions ici l’intégralité de son témoignage.

«Cette nuit-là, je ne savais pas du tout ce qui m’attendait. D’habitude, je lisais le programme à l’avance, je savais ce que je désirais voir. Mais ce 27 juin 2015, j’avais appris au dernier moment qu’il y avait la Nuit des images, et j’avais sauté dans le train. A peine arrivée, je pénètre dans la tente blanche. Les livres de photos sont exposés, les éditeurs sont là, la foule aussi. De l’autre côté, vers la sortie, une table sans public, une personne âgée assise et personne autour d’elle. Elle a des yeux bleus, vifs, un air sympathique. A son âge, s’occupe-t-elle encore d’une maison d’édition? «Non, non, me dit-elle, je suis photographe.» Je lui demande si les livres sont composés de ses photos: «Oui, oui!»

Ensemble, on feuillette les pages. Je veux voir ses photos préférées. Je lui explique les miennes. Je veux savoir si elle est suisse. Elle me dit être être originaire de Genève et née à Saint-Gingolph. Plus notre conversation avance, plus je pense à ma minuscule maman avec la même force, la même tendresse et un enthousiasme identique. Je lui parle de ma mère qui a aussi vécu dans un petit village à côté de Genève, avant la guerre. Elle connait ce village, son père y travaillait. Je lui achète un livre; elle m’écrit une dédicace en rapport avec notre discussion. Je la quitte à regret. Autour d’elle, trois jeunes femmes sont là et leurs regards vers elle débordent aussi de tendresse.

Je sors de la tente, je consulte le programme de la nuit et à cet instant… Je suis dans mes petits souliers! J’apprends que Sabine Weiss est la vedette de la soirée, qu’elle va présenter ses photos sur le grand écran et les commenter. Je me sens gênée de n’avoir pas connu le nom de Sabine Weiss. Je suis mal à l’aise d’avoir discuté si naïvement avec elle. En fait, je suis aussi heureuse. Si j’avais su cela, je n’aurais pas osé l’aborder ainsi. Puis, je vais, à la nuit tombée, l’écouter avec les autres nombreux spectateurs. Sous la tente, j’avais découvert sa douceur, son ouverture aux autres, sa joie de vivre, Là, je vois son énergie, son humour, son aisance à captiver un public, son élégance. Je découvre son parcours de vie.

J’ai souvent pensé à cette rencontre. Sabine Weiss, en me donnant sa carte de visite, m’avait dit: «Si vous venez à Paris, téléphonez-moi, venez me voir.» J’ai souvent hésité. Je n’ai jamais osé…»

A lire aussi, une rencontre avec Sabine Weiss dans son atelier parisien.

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