Photo de couverture © Raphaele Mueller pour Le Temps

Tatyana Franck, directrice du Musée de l’Elysée, revient sur une année pas comme les autres.

Janvier

5… 4… 3… 2… 1… Ça y est, nous y sommes! Au revoir 2019 et bonjour 2020! Nous avons accompli de nombreuses et belles choses au Musée de l’Elysée l’année dernière. Mais la prochaine sera encore meilleure, je le sais ! Et cela commence fort, un peu à l’image de tout ce qu’il entreprend, avec l’annonce dans quelques jours des principes de gouvernance de PLATEFORME 10, qui réunira sur la même scène artistique la photographie, le design et les beaux-arts. Quelle magnifique opportunité de synergies entre nos trois institutions! J’en rêve déjà et j’ai hâte, vraiment hâte, de concrétiser les mille et une idées de dialogues possibles entre nos collections afin de faire danser notre quartier des arts. Noël est passé depuis quelques jours déjà, mais brique après brique, ce monumental cadeau continue à se glisser sous notre sapin, et c’est la fête tous les jours. Mmmmh… il faudra peut-être songer à déménager ce sapin avec nous à PLATEFORME 10. Sait-on jamais, s’il faisait des petits… Oui, bonne année, bonne année le monde! Partout, le musée y a des amis. En Amérique, en Europe, en Australie, en Asie…

Ici au musée, il y a encore du pain sur la planche, et c’est plutôt urgent. À commencer par l’installation de l’exposition René Burri que nous vernissons à la fin du mois. Très important projet d’ailleurs: 350 œuvres, riche et foisonnant, tout comme l’artiste auquel il est dédié. Mais j’ai une équipe de vrais pros. Ils connaissent leurs métiers sur le bout des doigts et malgré les délais serrés, ils y arriveront. Je sais que je peux compter sur eux. Et il faut aussi que je finalise les besoins de nos futurs bureaux, car nous avons notre rendez-vous avec Vitra-Design qui se rapproche à grands pas. Je me réjouis de pouvoir me projeter dans nos nouveaux espaces de travail dans quelques jours grâce à cette société spécialisée dans l’ameublement professionnel qui nous accompagne dans le «change management». Post-it. Voilà. Encore une réunion, une de plus, à caler dans mon agenda avec les responsables de nos départements. Mais quand?! Si on pouvait peser un emploi du temps au regard de ce qu’il contient, je devrais déplacer le mien avec un diable de transport.

Justement, il y en a un qui ne fait rien dans le local technique. Je devrais pouvoir l’emprunter. Si je ne le peux, j’en trouverai forcément un autre à Palexpo, où Art Genève démarre le lendemain du vernissage de l’exposition Burri. Il faut que je mette cela sur la liste de l’équipe qui prépare notre proposition artistique sur place. Jolie trouvaille quand même que cette balançoire qui promène tout en douceur les visiteurs dans nos collections. Je gage que cet objet, presque accroché dans les étoiles tant le plafond de la structure est élevé, sera très prisé des amateurs d’art et de photographie (ou par ceux qui ont juste mal aux pieds).

Février

C’est reparti pour une nouvelle édition des Prix suisses de design qui offre des bourses et des mesures de soutien à l’art depuis 1917. Je fais partie de ce jury fédéral depuis 2016 et suis très fière de cette reconnaissance des compétences du Musée de l’Elysée, et de servir par ce biais nos valeurs et notre mission de soutien à la photographie contemporaine. J’ai ma petite idée de qui proposer pour la catégorie « Photographie 2020», mais chut…, je ne dis rien pour l’instant.

La construction de notre bâtiment commun avec le mudac (Musée de design et d’arts appliqués contemporains) à PLATEFORME 10 avance. Le récolement et le conditionnement des œuvres de nos collections également, mais quels chantiers ! L’agenda de notre ouverture à côté de la gare se précise. Mais comme pour tout nouveau-né, il faut lui trouver un nom pour le définir. Il n’est pas facile de relier le passé au présent, le présent au futur et le futur au passé pour qu’aucun de nos anciens amis et partenaires ne se perde en chemin lors de notre métamorphose. Toute l’équipe, vraiment riche de talents et très créative intra et extra muros, n’est pas de trop afin de réfléchir à ce rebranding. Elle est guidée par des professionnels pour canaliser les idées et aider à mettre notre bébé au monde. On dit que trop de cuisiniers autour des fourneaux gâchent la sauce. Ce n’est pas toujours vrai. Les contributions des uns et des autres sont précieuses, car elles sont l’écho d’un même univers, mais décliné dans toutes ses dimensions, dans toutes ses perceptions.

Entre temps, je continue à arpenter le monde à la rencontre de collaborations, de partenaires et d’artistes désireux de nous accompagner dans la belle aventure de la naissance du quartier des arts. Le dernier voyage m’a conduite à Düsseldorf où Andreas Gursky, photographe et professeur à l’académie des beaux-arts, se lancera avec quelques étudiants à la conquête du public romand avec un projet très prometteur que je proposerai au prochain Comité des expositions.

Nous allons de l’avant, nous préparons toujours l’avenir et nous nous réjouissons chaque fois des moments de partages à venir autour des expositions que nous dévoilons à nos publics. Mais je ne sais pas pourquoi, une sorte de frénésie est palpable dans l’air. Mon agenda s’alourdit encore, et de manière conséquente. Peut-être que le diable ne suffira pas et qu’il faudra plutôt penser à un transpalette. Heureusement, Fenia, futur chien-guide pour aveugles, de passage au musée jusqu’à la fin de l’année, me prête parfois son dos en guise d’oreiller pour les siestes éclairs sur la moquette de mon bureau qui me permettent de tenir bon d’un bout à l’autre de très longues journées.

Propos recueillis par Laurence Hanna-Daher

Auteur·e

1 commentaire

  1. Véronique Nora Reply

    Très joli texte qui annonce de grands changements, à tous les niveaux, à Lausanne comme pour le reste de la planète.
    Dans la description de la naissance de ce magnifique pôle d’art du musée de l’Elysée, tout en laissant poindre l’arrivée quelque peu cataclysmique, de cette pandémie qui nous est arrivée de l’Est!
    Continuons à être solidaires, responsables et…
    Pleins d’espoirs et de créativité…
    Avec fierté, et la plus grande bienveillance,
    je t’adresse mes vœux de bonheur et d’accomplissement pour 2021.
    Véronique Nora

Ecrire un commentaire