Une vue exterieure du Musee de l’Elysee, le musee de la photographie, ce mercredi 19 octobre 2016 a Lausanne. (KEYSTONE/Jean-Christophe Bott)

Qui pense déménagement pense cartons à transporter d’un point A à un point B. Pour le Musée de l’Elysée, qui s’apprête à quitter le bâtiment qu’il occupe depuis 1980 pour s’en aller rejoindre le site de Plateforme 10 (remise des clés en novembre 2021 et inauguration en juin 2022), c’est un peu plus complexe que cela. Déménager une collection photographique ne se fait pas en un claquement de doigts, il ne suffit pas de sceller des caisses puis de les emmener d’une réserve à l’autre. «C’est comme un gros puzzle qui se met gentiment en place», résume, pragmatique, la conservatrice Carole Sandrin.

Responsable de la conservation préventive et de la restauration, la Française travaille en étroite collaboration avec le département des collections pour la mise en place logistique du déménagement. Tout a commencé il y a environ cinq ans avec, parallèlement au lancement du concours d’architecture pour le nouveau bâtiment, une réflexion autour des besoins ainsi que des coûts matériels et humains. Laquelle est devenue plus concrète à partir du moment où, le projet lauréat une fois désigné, les dimensions des espaces de conservation ont été connus. «Actuellement, on entre dans une phase où on se concentre sur des détails, même si nous n’avons pas encore effectué d’appel d’offres pour le mobilier des réserves», explique Carole Sandrin.

Carole Sandrin photographiée par Catherine Leutenegger (©Musée de l’Elysée / Catherine Leutenegger)

A la suite des premières réflexions, le chantier du déménagement a réellement débuté en 2018. Mais plutôt que de fermer des cartons, il s’agissait d’abord… de les ouvrir. «C’est ce qu’on appelle le récolement: on prend une boîte, on regarde ce qu’il y a à l’intérieur et on compare avec ce qu’on peut trouver dans notre base de données.» Une des opérations consiste notamment à séparer les photographies couleur et noir et blanc, qui seront dans les réserves de Plateforme 10 conservées à des températures et des degrés d’humidité différents. Les nouveaux espaces de stockage posséderont trois climats distincts.

Augmentation des volumes de stockage

«On a d’abord rangé les réserves, car beaucoup de pièces n’avaient pas de statut, poursuit la conservatrice. Ça a pris plus de temps que ce qu’on pensait initialement.» Parallèlement, les collections ont été triées par format, afin que chaque boîte de protection soit aux dimensions de leur contenu, alors que parfois des images de dimensions éparses étaient rangées ensemble, d’où la difficulté de les caler et de les protéger correctement. Le reconditionnement de certaines pièces devrait ainsi aboutir à une augmentation de 20 à 30% du volume de stockage. A cela s’ajoute l’accroissement régulier des collections à travers les politiques d’acquisition et de donation du musée. La conservation n’est pas une science exacte et exige une vision prospective.

Une fois les espaces publics de l’Elysée fermés, les équipes pourront occuper plus de place. A l’heure actuelle, un chantier de récolement occupe une partie du dernier étage – il est d’ailleurs visible derrière une vitre – mais il est forcément un peu à l’étroit. «On va pouvoir commencer à palettiser une partie des fonds, se réjouit Carole Sandrin, afin qu’ils soient prêts à être transportés.» Mais le déménagement ne se fera pas dès que le nouveau musée sera achevé. «Nous aimerions avoir une année de lecture climatique des nouvelles réserves avant d’amener tous les fonds. Il s’agit d’une mesure préventive afin de voir, au fil des saisons, comme le bâtiment s’adapte.»

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